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Et si vos toilettes vous espionnaient ?

(cc) seniju

Émilie Mouchard est candidate au LL.D à l'université de Montréal
14 mai 2014
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Un groupe de chercheurs issus de diverses universités américaines et européennes a élaboré l’ultime objet connecté : les « Quantified Toilets ». Ces toilettes intelligentes disposent de capteurs qui permettent de détecter des informations comme le sexe de la personne, les concentrations d’alcool et de drogues, une grossesse ou encore diverses infections.

C’est lors de la conférence CHI2014 sur l’impact des facteurs humains sur les systèmes informatiques et sur les interactions entre l’homme et la machine, le 1er mai dernier à Toronto, que les chercheurs ont présenté, site internet à l’appui, un prototype de toilettes intelligentes et branchées.

Que ce passerait-il si un employeur installait ces « Quantified Toilets » dans ses bureaux ? Si l’UdeM mesurait la concentration d’alcool dans l’urine des étudiants pour contrôler ou interdire les 4 à 7 sous prétexte d’une consommation par personne non raisonnable ?

En utilisant un des objets les plus rattachés à notre intimité et à notre personne, ces chercheurs ont voulu mettre en lumière et alerter l’opinion publique sur l’intrusion des objets connectés dans notre quotidien. À partir de cet objet sorti de l’imaginaire des étudiants, on peut apercevoir les dérives de la multiplication de ces objets connectés.

Les technologies nous amènent à un point de convergence des données tel qu’elles nous obligent, par une incitation, une nouveauté et une originalité attractives à s’autodocumenter. Les objets connectés, nous conduisent à nous plier à une surveillance acceptée, celle du frigo connecté qui vous conseille ce que vous devez manger, du capteur pour savoir si votre enfant est bien rentré de l’école, en passant par l’application qui compte vos pas dans la journée et celle qui analyse la qualité de votre sommeil.

Possibilités ou danger

Certaines personnes voient ainsi des possibilités de prévention dans la sphère privée, par la possibilité de détecter une infection, une carence, une grossesse. Toutefois, il y a danger dans la sphère publique. Que se passera-t-il si un établissement public que l’on fréquente collecte ce type d’information; si un employeur cherche à faire un test antidrogue; si une administration, un assureur, ou même une fréquentation veut connaître notre état de santé ?

La question de la légalité des objets connectés est le fruit du consentement. En acceptant l’introduction des objets connectés, on les accepte dans le droit. Toutefois, les fins de la collecte et de l’utilisation des renseignements doivent être annoncées clairement et respectées par l’entreprise. L’entreprise a également l’obligation de sécuriser l’accès à ces renseignements par des mesures adaptées à la sensibilité des données qu’elle collecte.

Cette polémique portée par un objet du quotidien, et dont le but est de créer un buzz, vise à faire réfléchir sur la tendance grandissante à mettre des données sensibles et intimes à la disposition de n’importe qui, et l’impact que cela peut avoir sur notre sécurité.

Déposer ses données est une forme de consentement à leur exploitation, le droit ne peut sanctionner qu’une fois le préjudice constaté. Il appartient aux individus de réfléchir avant de confier leurs données à une entreprise, de regarder si les avantages sont supérieurs aux risques encourus et de se demander quelles seraient les conséquences si ces données tombaient entre de mauvaises mains.

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