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Caméras corporelles : des problèmes à l’horizon?

23 décembre 2014
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Dans la foulée de contestations d’actes policiers, les caméras corporelles se présentent comme une solution miracle à ce problème. Cependant, les coûts associés à cette nouvelle technologie soulèvent certaines préoccupations.

Les récents événements à Ferguson aux États-Unis ont suscité la colère et l’indignation de nombreuses personnes tout au tour de la planète. La mort du jeune noir non armé, Micheal Brown, aux mains d’un policier blanc, soulève toutefois de questions plus fondamentales sur le travail des policiers. Sans vidéo de l’incident, les versions contradictoires des témoins et de policiers s’affrontent lors de l’enquête.

Une étude menée par l’Université de Cambridge au Royaume-Uni a constaté un déclin de 88% des plaintes envers les policiers après l’introduction de caméras corporelles. De plus, il y a eu un déclin de 60% des cas d’abus de forces policières. Cependant, il n’y a pas que des points positifs à cette technologie.

Au pays, de nombreuses villes considèrent d’ailleurs l’utilisation de ces caméras. Calgary, Toronto, Vancouver, Hamilton, ont tous certains projets en ce sens. Cependant, plusieurs organismes ont émis de grandes réserves à ce sujet.  L’Office of the Information and Privacy Commissionner of Alberta, a écrit une lettre au Service de Police de Calgary pour émettre des réserves :

Through deploying body-worn camera technology, CPS will be collecting a significant volume of information about individuals, including information about CPS’s own officers. These individuals and their representatives have a right of access under the FOIP Act for any information in the custody or under the control of the CPS, including their personal information. In the past few years, there has been an increase in the number of access request made to public bodies.

En effet, les différentes lois provinciales et fédérales sur l’accès à l’information permettent à la population d’obtenir les données captées par ces caméras. Les coûts reliés à l’accès à l’information mettent en péril l’utilisation de ces caméras dans certaines villes. Par exemple, la ville de Seattle a remis en question l’utilisation des caméras de caméras corporelles puisque les coûts administratifs qu’elles engendrent sont trop importants. La question s’est posée lorsqu’un citoyen a fait une demande afin de recevoir des mises à jour quotidiennes des données recueillies par ces caméras.

“If the issues are about transparency and accountability, there’s common ground there,” indique le policier Mike Wagers au Seattle Times. Il ajoute d’ailleurs que ce type de demande met en péril de nombreux aspects de leurs opérations. De plus, les délais occasionnés pourraient avoir des effets néfastes sur l’obtention d’information dans le cadre de procès criminel et affecteront également les demandes provenant d’autres citoyens. La Police a alors indiqué que si aucune solution viable n’était trouvée, ils devront abandonner l’utilisation des caméras corporelles.

En plus des coûts associés aux demandes d’informations, il faudra également éponger de grands coûts associés au traitement et au stockage de ces données. Ces données doivent d’ailleurs être conservées pour une période de 2 ans afin d’être disponibles en cas de poursuite. La question a été abordée lors de la mise sur pied d’un tel programme à Hamilton. La ville estime que les coûts de stockage associés à ce projet se situent entre 256 000 à 2,5 millions par années.

En plus des coûts reliés à l’accès à l’information, plusieurs questions relatives à la vie privée ont été soulevées. Le professeur associé à l’Université Wilfred Laurier, Christopher Schneider, maintient que la tâche sera délicate de savoir où et quand il sera possible de faire l’enregistrement vidéo. En effet, la prise de vidéo doit se faire en respect de la vie privée du policier et de la population, conformément aux dispositions de la Charte canadienne des libertés, et les autorités doivent assurer la protection de ces renseignements personnels.

L’accès à l’information, les finances publiques, la protection des citoyens et le respect de la vie privée sont des questions très importantes au Canada. Cependant, face à l’intérêt grandissant vis-à-vis le port de caméras corporelles par les policiers, il faudra qu’un équilibre soit trouvé entre toutes ces questions afin d’offrir la meilleure option possible aux citoyens.

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